Exclusif : Un habitant d'Evreux harcelé au téléphone par des fans de Tryo
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Le groupe de reggae français Tryo, qui vient de sortir son nouvel album, invite sur une chanson les auditeurs à composer le numéro de téléphone d'un habitant d'Evreux (Eure). Le haut-normand est harcelé
Anthony De Sousa, 24 ans, est exaspéré. Depuis ce lundi matin, il reçoit constamment des coups de fils et des textos de la part d’inconnus. La raison ? Le groupe de reggae français Tryo, qui vient de sortir son nouvel album, invite sur une chanson les auditeurs à composer le numéro de téléphone du jeune ébroïcien !
« Tu peux m’appeler… »
Le morceau en question est « caché », c’est-à-dire qu’il ne figure pas dans la liste des chansons écrite sur la jaquette. Mais le morceau est bien présent sur le CD. On le découvre après un blanc de plusieurs minutes, sur la dernière piste de l’album. Dans ce titre, la voix de Guizmo, l’un des chanteurs, s’exprime en ces termes : « Tu peux m’appeler au… » suivi d’un numéro de portable dAnthony De Sousa. « Appelle-moi », insiste le chanteur.
Pour l’Eurois, c’est la valse des fans au bout du fil, qui pensent ainsi pouvoir parler avec le chanteur du groupe. « Souvent, je décroche et comme les fans ne reconnaissent pas la voix de Guizmo, ils raccrochent, » témoigne Anthony De Sousa. Quand ce ne sont pas les appels, les amateurs du groupe lui envoient des SMS, certains même prévenant : « Attention, tu risques de recevoir beaucoup d’appels aujourd’hui, ton numéro est dans les bacs, » peut-on lire dans la boîte de réception du plombier.
Quelques minutes aux côtés du jeune homme suffisent pour comprendre le problème combien Tryo est apprécié… En une heure hier après-midi, le smartphone de l’Ebroïcien à la carrure sculptée sonne davantage que celui d’un homme d’affaires !
Tryo récolte ce qu’il a semé
L’histoire serait presque drôle, le côté répétitif en moins, s’il suffisait à Anthony De Sousa de changer de numéro de téléphone. Il pourrait d’ailleurs demander directement à Tryo de lui payer une nouvelle ligne. Mais cette solution ne lui convient guère. « Je crée mon entreprise et mes clients sont ceux de mon ancien emploi, explique-t-il. Depuis trois ans, ils me connaissent sous ce numéro de téléphone. Il faudrait donc que je relance toute une campagne de pub et de communication. Et encore, je ne récupérerai que quelques clients. Bref, si je peux garder ma ligne, ça m’arrange vraiment… »
L’Eurois n’hésitera pas à utiliser tous les moyens légaux pour se faire entendre. « Il n’y a pas de raison, ils pouvaient choisir un numéro non attribué ou même acheté une ligne, justifie-t-il. Là, ils ont pris ça un peu à la légère. » Cette fois, Tryo, chantre de la paix et de l’herbe sèche, risque de récolter ce qu’il a semé : de gros ennuis !
« On s’est dit qu’il fallait peut-être vérifier »
Nous avons cherché à joindre la maison de production en charge de l’album « Ladilafé ». Au bout du fil, une voix féminine. Aucune erreur, c’est bien le numéro de « Salut ô productions », l’entreprise créée par Guizmo, le chanteur du groupe Tryo. Quand on lui explique le problème d’Anthony De Sousa, elle paraît surprise. Puis concède ne pas être si étonnée que ça. « On s’est dit qu’il fallait peut-être vérifier », en parlant du numéro révélé dans le CD. Vérifier qu’il s’agissait bien de celui du chanteur ? Non, non ! Les dix chiffres ont été prononcés au hasard sur la bande sonore… Rien à gagner en retour, aucune intention cachée derrière ce numéro. Une annonce totalement irréfléchie et sans intérêt particulier. Mais aux conséquences non mesurées ! Ce soir, un certain Bibou, ami du groupe, envoie un message à Anthony De Sousa pour présenter ses « plates et humbles excuses » et « résoudre cet énorme désagrément ». Courtois, mais pour l’heure bien insuffisant…
David Bugeat